Guillaume Pitron est un journaliste d’investigation et documentariste français, reconnu pour ses enquêtes sur l’exploitation des matières premières et leurs enjeux géopolitiques et environnementaux. Après avoir révélé La Guerre des métaux rares – la face cachée de la transition énergétique – il s’attaque dans L’Enfer numérique. Voyage au bout d’un like (2021) aux conséquences tangibles de nos activités digitales. Son constat principal ? Le monde prétendument « dématérialisé » du numérique repose en réalité sur la plus vaste infrastructure jamais édifiée par l’humanité : réseaux de câbles, centres de données, serveurs, mines de métaux rares… Une simple action en apparence anodine, comme cliquer sur « Like » ou envoyer un e-mail, mobilise ainsi un écosystème physique tentaculaire s’étendant aux quatre coins du globe. L’auteur met en lumière le coût matériel du virtuel : le numérique absorbe aujourd’hui environ 10 % de l’électricité mondiale et génère près de 4 % des émissions planétaires de CO₂. Loin d’être éthérée et propre, la « nuée informatique » que constitue le cloud dissimule une empreinte environnementale bien réelle – un « nuage noir de pollution », pour reprendre les termes percutants de Pitron.
Pourquoi les PME sont-elles concernées ?
À première vue, on pourrait penser que seules les entreprises du secteur technologique sont impliquées dans ces enjeux. Il n’en est rien. La révolution numérique traverse tous les secteurs d’activité : même les PME industrielles, artisanales ou de services, qui n’ont pas de produits numériques à proprement parler, dépendent de plus en plus d’outils digitaux au quotidien. Communication par e-mail, gestion via des ERP en ligne, stockage de données sur le cloud, marketing sur les réseaux sociaux, visioconférences, appareils connectés… Les PME, comme l’ensemble des organisations, contribuent à la consommation énergétique et matérielle du numérique par leurs usages et leurs équipements informatiques. Selon l’ADEME, le secteur numérique représente entre 2 % et 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et cette part augmente constamment. Autrement dit, aucune entreprise utilisatrice n’est insignifiante : additionnés, les usages numériques des PME participent à un impact global non négligeable. À l’heure où la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) intègre de plus en plus une dimension numérique, un concept de Responsabilité Numérique des Entreprises (RNE) émerge pour guider les organisations. Il s’agit de prendre en compte les effets du numérique sur les travailleurs, le modèle économique et l’environnement, et d’adopter une démarche éthique et transparente vis-à-vis de ces enjeuxr. En clair, les PME ont tout intérêt à intégrer le numérique responsable dans leur stratégie, ne serait-ce que pour anticiper les attentes de leurs parties prenantes, les futures réglementations et… pour contribuer, à leur échelle, à la transition écologique.
Les impacts invisibles du numérique : serveurs, électricité, métaux rares…
Intérieur d’un centre de données moderne : derrière chaque service en ligne se cachent des milliers de serveurs fonctionnant 24h/24.
Si le numérique semble immatériel, ses impacts environnementaux sont bien concrets et souvent invisibles pour l’utilisateur. Prenons les centres de données (data centers), ces hangars remplis de serveurs qui traitent et stockent nos informations dans l’ombre. Ils consomment d’énormes quantités d’énergie : environ 2 % de l’électricité mondiale est aujourd’hui dédiée aux data centers. Même inactifs en apparence, les serveurs doivent rester sous tension permanente – un seul serveur en veille consomme autour de 100 W en continu – afin de pouvoir répondre instantanément aux sollicitations. Les géants du numérique l’ont bien compris, installant leurs fermes de serveurs dans des régions au climat froid (Scandinavie, cercle arctique) pour faciliter le refroidissement. Car maintenir des milliers de machines à température ambiante (aux alentours de 20-25 °C) requiert des systèmes de climatisation industriels : la climatisation peut représenter 40 % de la consommation énergétique d’un data center. Ces refroidisseurs consomment en outre d’immenses volumes d’eau – jusqu’à 600 000 m³ par an pour un grand site, soit l’équivalent de 6,5 piscines olympiques chaque jour– et utilisent des fluides chimiques aux effets polluants. Résultat : l’empreinte carbone des data centers est lourde (ils sont la 2e source d’émissions du numérique après la fabrication des équipements) et pourrait encore quadrupler. Des projections estiment qu’ils pourraient absorber jusqu’à 6 % de l’électricité mondiale d’ici 2050 si la tendance se poursuit. De plus, leur alimentation électrique dépend encore largement d’énergies fossiles dans certains pays, ce qui a conduit par exemple à des accords pour alimenter des centres en électricité d’origine nucléaire afin de garantir une puissance constante. Derrière le mirage du cloud, on entrevoit donc des entrepôts voraces en énergie, en eau et en infrastructures.
Déchets électroniques sur le site d'Agbogbloshie (Ghana) : une montagne de composants et câbles usagés illustrant l’envers du cycle de vie numérique.
Autre face cachée : la dépendance aux matières premières et la pollution qui en découle. Nos ordinateurs, smartphones, objets connectés et serveurs sont fabriqués à partir d’une multitude de métaux rares et matériaux fossiles. Un simple smartphone intègre plus de 50 composants différents (cuivre, or, lithium, cobalt, terres rares comme le néodyme, etc.) dont l’extraction et le raffinage sont extrêmement polluants. L’industrie des technologies de l’information et de la communication (TIC) consomme une part significative de certaines ressources mondiales : par exemple, environ 12 % de la production mondiale de cuivre est accaparée par les besoins du numérique, tout comme près de 88 % du germanium et du terbium – des métaux rares indispensables à l’électronique. Or ces matériaux proviennent souvent de régions pauvres (Afrique centrale pour le cobalt, Chine pour les terres rares…), où leur extraction cause des ravages environnementaux (mines à ciel ouvert, pollution des eaux et des sols, déforestation) et s’effectue au mépris des droits humains. Guillaume Pitron souligne que dématérialiser, c’est en réalité « matérialiser autrement » : au lieu de consommer du papier ou du carburant, le numérique consomme du minerai et de l’électricité, avec une empreinte qu’on déplace loin de nos regards. Il évoque même la « géographie de nos clics » : derrière chaque e-mail envoyé ou chaque requête en ligne se profile une chaîne physique qui a une couleur (celle des circuits imprimés), une odeur (celle – âcre – des usines de graphite) et même un bruit, celui des milliers de ventilateurs de serveurs tournant comme une ruche géante. Enfin, en bout de chaîne, la pollution numérique se voit dans nos décharges : les déchets électroniques s’accumulent à un rythme effréné (50 millions de tonnes d’e-déchets par an dans le monde). Faute de recyclage suffisant, ils terminent souvent exportés illégalement dans des décharges à ciel ouvert en Afrique ou en Asie, comme à Agbogbloshie au Ghana – véritable cimetière de nos appareils usagés où des montagnes de circuits et de câbles sont brûlés pour en récupérer quelques métaux. Ce désastre sanitaire et écologique boucle un cycle vicieux : d’un côté nous multiplions les équipements (la 5G, par exemple, incite à produire de nouveaux smartphones et à installer des milliers d’antennes aux matériaux difficilement recyclables), de l’autre nous peinons à gérer leur fin de vie, aggravant la contamination des écosystèmes. Les impacts « cachés » du numérique se situent donc à chaque étape : extraction, production, usage intensif en énergie, et déchets.
Transformation numérique vs sobriété écologique : un paradoxe à surmonter
Pour les dirigeants de PME, il y a là un dilemme apparu ces dernières années. D’un côté, la transformation numérique est présentée comme un levier indispensable de compétitivité, de productivité et même de développement durable (on vante la dématérialisation des documents pour économiser du papier, la visioconférence pour éviter des déplacements polluants, les « smart cities » et l’IoT pour optimiser les ressources, etc.). De l’autre, on découvre que cette numérisation galopante a un coût environnemental qui vient contrecarrer les gains attendus. Le think tank The Shift Project alertait dès 2018 : la transition numérique contribue aujourd’hui davantage au changement climatique qu’elle ne le compense. Autrement dit, les gains d’efficacité réalisés grâce au digital (par exemple, moins de déplacements grâce au télétravail) sont plus que neutralisés par l’augmentation des usages numériques (équipements supplémentaires, serveurs à faire tourner, volumes de données en explosion). Ce phénomène est parfois appelé effet rebond : les économies réalisées par la technologie entraînent souvent une hausse de la consommation ailleurs. Guillaume Pitron cite le cas emblématique des smart cities (villes intelligentes) : loin de tenir leurs promesses vertueuses, nombre de projets de villes ultra-connectées se sont révélés des vitrines de greenwashing, très coûteuses en énergie et en infrastructures pour des résultats écologiques décevants. De fait, une étude danoise de 2019 a conclu que le développement des smart cities, dans l’ensemble, aggravait à ce stade les émissions plutôt que de les réduire. Le numérique pose un paradoxe : il est à la fois vu comme la solution (outils de pilotage énergétique, économie du partage, etc.) et comme une nouvelle part du problème.
Pour les PME, cet équilibre est délicat à trouver. Faut-il renoncer à la modernisation digitale au nom de l’écologie ? Ce n’est ni réaliste ni souhaitable. En revanche, il devient urgent de repenser nos usages : aller vers plus de sobriété numérique. Cela signifie innover, mais de manière sélective et responsable, en évitant la fuite en avant technologique pour le plaisir du gadget. Un nombre croissant d’experts du numérique promeuvent cette sobriété : en France, l’association GreenIT regroupe des spécialistes qui aident les organisations à allier transition numérique et transition écologique en adoptant des pratiques numériques frugales. Concrètement, pour une PME, cela revient à se poser les bonnes questions avant d’investir dans un nouvel outil digital : sert-il un besoin réel et important ? Son impact environnemental a-t-il été évalué ? Peut-on le mutualiser ou l’optimiser pour en réduire l’empreinte ? Plutôt que de chercher absolument la solution high-tech la plus sophistiquée, l’entreprise sobre privilégiera l’efficacité et la durabilité. Par exemple, dématérialiser ses processus administratifs peut faire sens si l’on s’assure en parallèle de limiter le stockage inutile de données ou l’envoi d’e-mails en masse. De même, équiper ses équipes d’ordinateurs portables plus économes en énergie et encourager l’audio-conférence lorsque la vidéo n’est pas indispensable sont des arbitrages gagnant-gagnant (économies financières et réduction des émissions). En somme, il s’agit de réconcilier la transition digitale et la transition verte. Ce grand écart est surmontable : l’innovation technologique peut aller de pair avec la réduction de l’empreinte carbone, à condition d’adopter une démarche critique et d’intégrer systématiquement le critère environnemental dans les décisions numériques.
Agir dès maintenant : leviers pour un numérique responsable dans les PME
Heureusement, les PME ne sont pas démunies face à ces enjeux : des actions concrètes et réalistes peuvent être mises en œuvre pour réduire l’impact du numérique, sans sacrifier l’efficacité de l’entreprise. Voici quelques leviers d’action à la portée de toute structure, même de taille modeste :
- Acheter et gérer le matériel de façon responsable : Optez pour du matériel informatique durable, réparable et labellisé (éco-labels, certifications environnementales). Privilégiez l’achat de matériel reconditionné quand c’est possible, ou de seconde main de qualité, afin de donner une seconde vie aux équipements. Évitez le renouvellement systématique des appareils : allongez leur durée de vie par une bonne maintenance, des mises à jour logicielles adaptées et des réparations plutôt qu’un remplacement prématuré. Par exemple, si vos ordinateurs peuvent fonctionner 5 ans au lieu de 3, c’est autant de ressources économisées et de déchets évités.
- Éco-concevoir vos services numériques : Si votre PME dispose d’un site web, d’une application ou même d’une simple vitrine en ligne, veillez à ce qu’ils soient développés dans une optique de sobriété. Un site éco-conçu sera plus léger (images optimisées, code épuré, pas de fonctionnalités superflues) et sobre en énergie côté serveur. Cette démarche d’éco-conception s’applique aussi aux documents et applications internes : limiter les vidéos en haute définition dans les communications internes, éviter de surcharger les présentations de graphismes inutiles, etc. L’objectif est de réduire les volumes de données traitées et stockées, sans nuire au service rendu. Non seulement un service numérique léger pollue moins, mais il gagne aussi en rapidité et en coût (bande passante, hébergement) : un double avantage pour l’entreprise.
- Sensibiliser et former les employés aux bonnes pratiques : Le facteur humain est crucial. Mettez en place une charte de bons usages numériques au bureau, et expliquez-en les raisons écologiques. Parmi les éco-gestes à promouvoir : trier régulièrement ses e-mails et fichiers pour supprimer ceux qui sont obsolètes (le stockage inutile mobilise des serveurs inutilement), éviter d’envoyer des pièces jointes volumineuses quand un lien suffit, limiter les destinataires en copie des courriels, ou encore éteindre les appareils et box internet le soir et le week-end au lieu de les laisser en veille. De même, sensibilisez aux paramètres des outils : par exemple, passer en audio uniquement pendant une réunion en visioconférence lorsque la vidéo n’est pas indispensable peut diviser par dix la bande passante consommée. En formant vos équipes à adopter ces réflexes, vous ancrez une culture de sobriété numérique au sein de l’entreprise, ce qui peut aussi être fédérateur et valorisant en interne.
- Choisir des fournisseurs et hébergeurs éco-engagés : Votre site web, vos données ou vos logiciels métier sont probablement hébergés dans le cloud ou chez des prestataires externes. Intégrez des critères environnementaux dans le choix de ces partenaires. Concrètement, privilégiez un hébergeur vert ou un centre de données alimenté en énergies renouvelables. Beaucoup de fournisseurs communiquent désormais sur leur mix énergétique et leur efficacité. Par exemple, la société française OVHcloud (qui exploite 32 centres de données et 450 000 serveurs) s’est engagée à utiliser 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2025, un objectif déjà réalisé à 92 % en 2023. De même, le géant Equinix annonce avoir atteint 100 % d’énergie verte pour l’ensemble de ses data centers européens. En choisissant de tels prestataires, une PME peut indirectement réduire l’empreinte carbone de ses outils (sans effort supplémentaire) et encourager le secteur à accélérer sa transition. Par ailleurs, renseignez-vous sur l’efficacité énergétique du data center utilisé (indicateur PUE, Power Usage Effectiveness) : un PUE proche de 1 signifie que le centre est très performant et gaspille peu d’énergie en refroidissement ou infrastructure Certains hébergeurs locaux innovent aussi en réutilisant la chaleur des serveurs pour chauffer des bâtiments : soutenir ces initiatives, c’est participer à l’économie circulaire du numérique.
- Intégrer le numérique responsable dans la stratégie d’entreprise : Enfin, au-delà des mesures techniques, faites du numérique responsable un axe à part entière de votre stratégie RSE. Évaluez régulièrement l’empreinte numérique de votre PME (il existe des outils de mesure simplifiés, voire des bilans proposés par des cabinets spécialisés ou via des programmes publics). Fixez-vous des objectifs de réduction : par exemple, diminuer de 20 % la consommation électrique du parc informatique en deux ans, ou prolonger la durée d’usage de tel équipement de X mois. Suivre ces indicateurs vous permettra de quantifier les économies réalisées (en CO₂ mais aussi souvent en euros). N’hésitez pas à communiquer en interne sur les progrès accomplis, voire en externe si cela apporte de la valeur à votre image de marque. Les PME agiles peuvent transformer ces contraintes en opportunités d’innovation : développer une offre de produits ou services numériques éco-conçus peut devenir un argument différenciant sur le marché de plus en plus sensibilisé à la transition écologique.
En appliquant ces leviers, même modestes, on constate rapidement des bénéfices. Réduire le nombre d’appareils et leur renouvellement allège les coûts d’investissement. Optimiser les usages (stockage, bande passante) diminue la facture IT et les risques (moins de données stockées inutilement, c’est aussi moins de vulnérabilités en cybersécurité). Et bien sûr, l’entreprise contribue ainsi à diminuer la pression sur les ressources naturelles et le climat. Chaque PME, à son échelle, peut faire partie de la solution.
Du déclic à l’action : vers une prise de conscience durable
En conclusion, L’Enfer numérique de Guillaume Pitron agit comme un révélateur : il ouvre les yeux sur l’« enfer » caché derrière nos vies connectées, un enfer fait de mines, de centrales électriques et de déchets toxiques. Cette prise de conscience peut sembler dérangeante, mais elle est salutaire. Elle rappelle que la transition numérique doit être repensée pour devenir soutenable. Les PME, tout comme les grands groupes, ont un rôle à jouer dans cette transformation. Loin de prôner un retour à la bougie ou un rejet de la technologie, il s’agit d’évoluer vers un numérique choisi, plus sobre et responsable, au service de l’humain et non l’inverse.
Cet appel s’inscrit dans un mouvement plus large : désormais, les pouvoirs publics et la société civile s’en mêlent. En France, la loi AGEC (Anti-Gaspillage et Économie Circulaire) impose par exemple des mesures pour prolonger la durée de vie des produits numériques, et la loi REEN (Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique) vise à limiter l’obsolescence programmée et encourager le réemploi. Des guides et référentiels émergent pour aider les organisations : l’Institut du Numérique Responsable propose un label et des ressources dédiées, l’ADEME publie des infographies sur la « pollution numérique » et des fiches pratiques pour les entreprises, tandis que le Shift Project met à disposition gratuitement ses rapports (Lean ICT, Déployer la sobriété numérique, etc.) pour comprendre en détail l’empreinte du digital. Autant de lectures et d’outils pour approfondir la démarche initiée par l’ouvrage de Pitron.
Dirigeants de PME, il est temps de passer du clic conscient à l’action concrète. Interrogez vos usages numériques comme vous le feriez de vos consommations d’énergie ou de matières premières. Chaque e-mail évité, chaque serveur éteint la nuit, chaque PC utilisé un an de plus compte. Cela peut sembler insignifiant, mais multiplié par des millions d’entreprises, l’effet est considérable. En faisant le choix d’un numérique maîtrisé, vous contribuez non seulement à réduire l’empreinte écologique de votre organisation, mais aussi à construire un modèle économique résilient face aux défis à venir (rareté des ressources, contraintes carbone). Loin d’être un frein, le numérique responsable peut devenir un vecteur d’innovation et de fierté collective.
En définitive, la question posée par L’Enfer numérique nous concerne tous, PME comprises : quel futur numérique voulons-nous bâtir ? Un futur aveugle à ses impacts, ou un futur lucide et soutenable ? Il revient à chacun, et donc à chaque entreprise, d’apporter sa pierre à l’édifice d’une transition numérique alignée avec les limites planétaires. La prochaine fois que vous cliquerez sur « Envoyer » ou « Like », souvenez-vous que derrière l’écran, il y a une réalité bien physique – et que vous avez le pouvoir de la changer, pas à pas, vers un enfer numérique un peu moins infernal.